Karl Marx est l’un des rares philosophes à être allé au-delà du simple débat philosophique théorique. Il peut être considéré, avec Nietzsche et Freud, comme l’un des artisans de la pensée occidentale au XXe siècle. Il a commencé comme un spécialiste de la philosophie « classique » (sa thèse portait sur la philosophie antique), mais dès sa jeunesse, il a essayé d’appliquer sa pensée à des problèmes pratiques, tout en restant essentiellement un théoricien. Après les premières années où se sont formés son matérialisme et sa pensée politique radicale, le début de son séjour à Paris le met en contact avec la pensée des premiers socialistes. En érudit rigoureux qu’il était, il estimait que le socialisme, qui à l’époque tentait à juste titre de s’attaquer au problème de l’injustice sociale résultant de l’industrialisation précoce, n’avait pas d’approche scientifique.
Influence de l’économie
C’est pourquoi il a commencé à étudier les premiers économistes et a développé une pensée qui donnait une clé claire pour comprendre son époque et proposait également une hypothèse d’amélioration. Déjà dans la confrontation avec la philosophie allemande qui lui était contemporaine, il avait déclaré vouloir « changer le monde, plutôt que de simplement l’interpréter » et, en effet, à partir de 1848, année de la publication du Manifeste, il s’est appliqué à chercher des solutions à l’exploitation qui découlait, dans le monde entier, du travail en usine du premier âge industriel. Pour lui, l’histoire a toujours été une histoire de lutte des classes. C’est pourquoi il a proposé que la lutte, au XIXe siècle, ait lieu entre les deux classes sociales émergentes : la bourgeoisie qui avait réussi en Europe à obtenir le pouvoir économique et politique et le prolétariat qui, lui, était exploité dans les usines.
Le Capitalisme
Son analyse de l’exploitation capitaliste est certainement efficace et est absolument bien documentée. Son caractère cryptique, surtout dans la phase finale de son œuvre (il n’achèvera jamais le Capital) et dans ses manuscrits publiés à titre posthume, a conduit à la proposition de différentes interprétations de sa pensée, qui découlent davantage du bagage culturel des interprètes que d’une lecture authentique et dépassionnée de ses écrits. C’est pourquoi il reste l’un des philosophes les plus lus et les plus critiqués ou admirés aujourd’hui, et certains des plus grands penseurs actuels (Zizek et Antonio Negri in primis) affirment s’inspirer de sa pensée.